Prendre rendez-vous en ligneDoctolib

SOUFFLE OU RÉSONANCE

Souffle ou résonance:
extrait du cours AFPC au CNSM de Paris en 2002

Sujet ambigu, car :
« tout ce qui possède masse et compliance est un résonateur. L’air a une masse et ,  s’il est comprimé a tendance  à se battre pour revenir à son volume original, donc il possède la compliance. Pour cette raison « l’air contenu dans l’appareil phonatoire agit comme un résonateur. » Sundberg SSV 11
Quand on chante, l’air est le premier résonateur utilisé. Donc la séparation entre résonance et respiration devient très confuse. D’autre part les articulateurs ont des effets sur la résonance. L’air est un résonateur mais aussi tous les muscles utilisés, qui vont permettre de modifier le son que l’on va émettre.
Il faut rappeler ici qu’un muscle ne peut effectuer qu’une seule action: se contracter. Ce faisant il se raccourcit. Tout allongement d’un muscle ne peut se faire que par la contraction d’autres muscles et jamais par l’action du muscle lui-même.
Nous développons par expérience depuis la naissance, la capacité de prédire quel muscle contracter et de combien, afin d’effectuer un mouvement nécessaire. Ex : jouer du piano sans regarder les doigts ni le clavier.
La réalisation d’un son imaginé relève de notre capacité de prédire quel muscle contracter et comment .
La contraction en général le raccourcit, sauf si en même temps on contracte les muscles antagonistes, qui vont (en se raccourcissant) le tendre.  On peut ainsi contracter un muscle sans le raccourcir si en même temps on contracte le muscle antagoniste.
Pour les cordes vocales c’est important, car plus on allonge la corde, plus le son devient aiguë, plus on la raccourcit plus le son devient grave. Il faut différencier ici tension et contraction des cordes vocales . Plus les cordes sont longues, fines et tendues, plus la fréquence sera élevée. La tension est due aux crico-thyroïdiens, la contraction aux thyro-aryténoidiens (la corde elle-même).
La distance aryténoïde épiglotte augmente quand la fréquence augmente. (Fibroscopie)
Si on monte dans l’aigu, elles ne se contractent (contraction isométrique) que pour résister à la pression de l’air, pour fermer la glotte. Elles ne s’allongent que si elles sont tendues par les autres muscles. D’où la difficulté dans les aigus, car si on contracte trop les cordes vocales elles se raccourcissent et le son devient plus grave; et par contre si on les tend trop, on a une pression trop forte, une rigidité excessive et une régulation de l’air sous-glottique qui est beaucoup moindre que ce qu’elle devrait être.
Si la pression sous-glottique  augmente, la fréquence augmente mais peu. Son effet majeur sera l’augmentation de l’intensité. Si on veut changer  la hauteur et non l’intensité, on ne doit pas changer la pression sous-glottique .
Si on veut que la fréquence demeure constante, quand on veut en augmenter l’intensité, si on doit « enfler » un son, il faut faire intervenir les muscles qui sont « régulateurs de fréquence » afin de lutter contre l’effet de la pression sous-glottique .

J’ai beaucoup insisté sur l’augmentation excessive de la pression sous-glottique car parmi tous les gestes c’est le seul qui puisse être nocif pour les cordes vocales. Les cordes vocales sont le seul organe utilisé dans la phonation qui puisse être lésé par une mauvaise utilisation. Que vous utilisiez mal le voile du palais, les lèvres, la langue, la voyelle ou le son sera de mauvaise qualité, mais il n’y aura aucun danger médical, aucune lésion à mal les utiliser. Tandis que les cordes vocales utilisées avec une pression excessive, une tension mal adaptée etc. peuvent être endommagées. On voit certains chanteurs qui ont toujours les mêmes lésions dues à une mauvaise utilisation. C’est pour cela que l’on se soucie beaucoup plus des cordes vocales , mais elles ne sont responsables que d’une partie minime (mais essentielle) de la qualité du son émis.
Importance des mécanorécepteurs situés dans:
les muscles laryngés intrinsèques (percevant la tension de ces muscles),
la muqueuse sous glottique ( percevant les variations de pression sous-glottique )
les articulations des cartilages laryngés (donnant leur position)

Le timbre est déterminé par:
•    La façon dont l’appareil vocal est utilisé
•    La morphologie de cet appareil.

RESONANCE:
Le son chanté ou parlé se compose de:
•    un son fondamental qui est la fréquence émise (ex 220 Hz pour le la?)
•    et des multiples de cette dernière, qui vont être plus ou moins amplifiés, qu’on appelle harmoniques et qui vont former des formants.
Il y a plusieurs formants et ils sont très importants.
Les 2 premiers (soit les 2 premiers pics d’amplification)  permettent de définir la voyelle qu’on va utiliser, qui elle même peut être un peu modifiée selon l’accent, les habitudes vocales, et  la hauteur de la note qu’on chante.
Le 3ème formant qu’on appelle le formant des chanteurs, permet d’amplifier la voix afin de lui permettre de passer au dessus du bruit d’un orchestre, alors que la voix est souvent beaucoup moins forte que l’orchestre. Il   permet donc à une voix de diffuser, et permet surtout à l’élève qui l’émet, de ne pas chanter un son avec une énorme intensité (qui viendrait léser ses cordes vocales), mais lui permettra de diminuer l’intensité avec laquelle il l’utilise, et de se servir justement des résonances, pour amplifier les harmoniques au niveau de ce fameux formant, afin que la voix paraisse très très forte à l’auditeur, et en même temps d’une qualité bien meilleure, puisqu’il n’y a pas cette tension excessive, donc pas de fatigue vocale, et pas de lésion de forçage sur les cordes vocales.
La qualité  de la voyelle et une bonne partie de la couleur de la voix est due à la fréquence des formants de l’ appareil phonatoire qui est elle-même due à la forme de l’appareil phonatoire.
Presque tous les formants sont diminués en rétrécissant l’ouverture de la bouche et en abaissant le larynx.
Faire un lien avec la suite
•    Le premier formant est surtout sensible à l’ouverture de la bouche, à la position de la mâchoire, et en dehors de la reconnaissance de la voyelle, va exprimer un certain nombre de sentiments. Par ex. chez un acteur, une ouverture exagérée de la bouche exprime une forme de colère, et en même temps élève le premier formant.
•    Le 2ème formant est dû à la forme de la langue. Quand on augmente la contraction de la partie antérieure de la langue, le 2ème formant augmente. C’est à dire pour un « i »  le deuxième formant est très haut et effectivement il y a une contraction antérieure de la langue. Si elle se contracte dans la région du voile, le deuxième formant s’abaisse. C’est aussi important quand vous entendez une voyelle ou un son chez un chanteur et vous vous dites:  « tiens! Ça manque un peu d’harmoniques graves, ou médianes ou aiguës », il suffit parfois de regarder la langue, en sachant que si on contracte un peu plus la pointe, les harmoniques aiguës vont un peu plus augmenter, si au contraire il y a trop  d’harmoniques graves, il suffit d’en moins contracter la base.  Cela peut s’observer assez facilement.
•    Le 3ème formant est très sensible à la pointe de la langue et  plus particulièrement à la taille de la cavité située juste derrière les incisives. Très souvent on parle d’abaisser le larynx, ou de maintenir à partir des notes de passage le larynx stable. La façon la plus simple de le faire est de reculer la langue, mais ce serait une erreur car dans ce cas la langue sert à abaisser le larynx, mais elle ne peut plus avoir la position idéale qu’elle devrait avoir pour une voyelle et pour la qualité du son définis. Il faut donc apprendre à un élève à pouvoir modifier et maîtriser la position de son larynx. [Le forçage vocal est souvent associé à un larynx élevé. (Sundberg Askenfeld 1983 p92)] Il y a des muscles  qui le font monter, descendre, ou basculer. C’est aussi facile à contrôler que d’apprendre à mettre le doigt sur le nez quand on est enfant, ou de se gratter l’oreille. Facile donc, il suffit de le lui apprendre dès la première année, et de le lui signaler quand cela parait nécessaire et il sera immédiatement capable de le faire. Le larynx peut être abaissé ou élevé, mais aussi avoir différentes formes à cause de la grande mobilité des aryténoïdes. Le larynx peut être abaissé, remonté ou dans sa position dite de repos, qui est la position idéale pour la plupart des sons. On voit souvent des chanteurs qui exagèrent soit dans un sens soit dans l’autre. Parfois à cause de la langue qui est trop crispée, le muscle qui s’attache là va être contracté et faire remonter le larynx alors que la langue est dans une bonne position. Si au contraire on veut mettre le larynx dans une bonne position  et qu’on rétracte la langue, les formants aigus vont disparaître de la voix , et on aura une voix « qui ne passe pas au dessus de l’orchestre », et on aura un son qui paraîtra rond et intense à l’élève, mais qui en fait ne diffuse pas du tout et entraîne un forçage massif (et donc des lésions cordales).
•    Le 4ème formant est dû à la forme du tube laryngé.
•    Le 4ème et le 5ème sont  dus à la longueur de tout l’appareil vocal. Ici la respiration intervient beaucoup : si on abaisse le diaphragme, la longueur augmente, si au contraire on laisse remonter le diaphragme (par ex en fin de phrase, et pour certains dès le début du son) ça le raccourcit. Une autre façon d’allonger l’appareil vocal (et donc d’augmenter le 5ème formant) c’est de mettre les lèvres en avant (protrusion des lèvres) ce qui est nécessaire pour certaines voyelles ou pour certains sons. Modification longueur : ex.: augmentation :
•    en abaissant le larynx
ou
•    avec protrusion des lèvres.
Il faut en dehors de la reconnaissance de la voyelle, modifier la position des formants pendant la durée de la note pour: liaison, diffusion, expressivité etc.
Les résonances subglottiques donnent naissance aux « registres »

Il faut savoir que le son est perçu par le chanteur tout à fait différemment que par l’auditeur. Toutes les fréquences graves ont une diffusion circulaire c’est à dire que la partie grave du son émis est perçue par l’émetteur directement et par l’oreille. Tous les formants aigus diffusent longitudinalement par rapport à l’oreille, diffusent donc tout droit et le chanteur n’entend pas ses harmoniques aiguës.  Très souvent des tics, comme la main devant l’oreille, permettent de percevoir ces harmoniques aiguës. Une  fois qu’on arrive à les percevoir même très peu, on peut contrôler leurs présences spontanément à chaque son émis, aide énorme pour l’élève indispensable à la diffusion de sa voix (projection), qui va lui permettre de faire diffuser sa voix en faisant très peu d’effort, et surtout en ne pressant ni le larynx, ni les autres muscles.

……En conclusion, ces deux citations:
« C’est un fait très connu par tous: l’éducation et l’entraînement de la voix impliquent des changements dans le son de la voix, qui seraient impossibles si tous les caractères de la voix étaient innés.» Sundberg

-” Les choses qu’on acquiert consciemment nous permettent de nous exprimer inconsciemment avec une certaine richesse” Matisse à ses élèves.

%d